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L'HOMME SEMENCE

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En 1852, Violette Ailhaud est en âge de se marier quand son village des Basses-Alpes est brutalement privé de tous ses hommes par la répression qui suit le soulèvement républicain de décembre 1851. Deux ans passent dans un isolement total. Entre femmes, serment est fait que si un homme vient, il sera leur mari commun, afin que la vie continue dans le ventre de chacune.

Texte de Violette AILHAUD- Editions Parole

Voix : Claire Rieussec

Contrebasse :Lina Lamont

« ça vient du fond de la vallée. Bien avant que ça passe le gué de la rivière, que l’ombre tranche, en un long clin d’œil, le brillant de l’eau entre les iscles, nous savons que c’est un homme. Nos corps vide de femmes sans mari se sont mis à résonner d’une façon qui ne trompe pas. Nos bras fatigués s’arrêtent tous ensemble d’amonteiller le foin. Nous nous regardons et chacune se souvient du serment. Nos mains s’empoignent et nos doigts se serrent à en craquer les jointures : notre rêve est en marche, glaçant d’effroi et brûlant de désir. »

Le projet artistique de ce duo :

 

Ce récit court et dense est intemporel, bien qu’il soit ancré dans l’histoire de France, celle exclue des livres officiels. Le soulèvement ample et populaire contre le coup d’état de Louis

 

Napoléon Bonaparte, oublié des manuels scolaires, est le cadre historique de cette histoire vraie racontée avec ferveur par Violette Ailhaud, protagoniste passée à la plume au crépuscule de sa vie. Elle écrit avec simplicité et intensité, dans une langue imagée, nourrie de sa terre natale, les Alpes de Haute Provence, sans effet de style, avec la quête de l’honnêteté : être au plus près des émotions qui surgissent de ce drame, transmettre à la postérité les leçons de sa vie de femme privée d’homme par la violence des guerres civile ou mondiale.

La tragédie fait surgir parmi des paysannes un débat puis un serment parfaitement en phase avec notre actualité du 21èmesiècle : comment gérer de manière optimale leur fécondité. Elles tentent de dissocier les sentiments de la procréation. Alors l’amour est amplifié, dénué d’égoïsme et de désir de possession.

La beauté des paysages, la force des éléments naturels campent le décor de l’histoire et participent à la puissance terrienne, voire tellurique, de la narration. Les deuils et les joies de Violette Ailhaud tendent un miroir limpide à nos sentiments.

Claire Rieussec et Lina Lamont n’usent d’aucun artifice hormis leurs talents pour donner à entendre la chair et l’esprit de cette œuvre : alors l’humilité étincelle !

Les paroles de Violette Ailhaud vont ainsi droit au but : le cœur des spectateurs.

 

L’objectif de ce duo est aussi simple qu’immense : dire un amour non égoïste, non possessif en réponse aux assauts des bourreaux liberticides.

Pour la comédienne, Claire Rieussec c’est une exigence de porter à haute voix l’épure de ce texte dont la poésie sourd sans être recherchée, telle l’eau imbibant la terre après l’orage ; c’est un défi de retenu pour la comédienne. Contenir le désir d’interpréter dans les digues pudiques de l’écrivaine. Donner sa voix au récit sans orgueil, sans jouer à la comédienne !

Lina Lamont est d'abord une présence ; avec sa contrebasse, ils forment un couple. Ils incarnent cette idée, ce désir. C'est devant nous l'incarnation de la caresse, de la tendresse, du feu, de l'orage, des murmures et du vent. Ce contrebassiste-chanteur porte son attention au texte lu, il est le premier auditeur, un auditeur qui porte le texte loin dans le paysage, dans le ciel, et dans les yeux des personnages, dans leur respiration, leur intimité, leur  plaisir. Lina Lamont écoute et porte Claire pour que nous découvrions mieuxViolette.

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